L’art de la répétition avec Mathis

« Je n’arrête pas de lui répéter ! Mathis, range tes affaires, range tes affaires. MATHIS ? TU M'ENTENDS ?!? RANGE TES AFFAIRES "

« J’ai une variante : Mathis, va prendre une douche. MATHIS, TU M’ENTENDS ?!? VA PRENDRE UNE DOUCHE !! »

Mathis, ado blond de 13 ans, préfère visiblement être sur snap et insta plutôt que de ranger ses chaussettes malodorantes (qui lui en vaudrait ? me direz-vous… ) .

Pas méchant, le fiston. Mais selon sa mère exaspérée, il fait les choses à la vitesse « d’un escargot sous valium, imaginez un peu l’animal ! », me dit sa mère). « Ahhhhh, je craque ».

Visiblement, la méthode de la maman ne fonctionne pas. Elle en avait essayé d’autres. Plein d’autres ! Faire un planning des choses à faire, ne plus rien dire, poser des limites, appliquer des sanctions….

Parfois, il y avait des mieux, mais ça ne tenait pas dans le temps.

« Avez-vous demandé à votre fils pourquoi il ne prend pas sa douche à la première demande ? »

« Euh… non…. »

Retour chez elle avec une liste de questions, genre liste de courses :

1. « Pourquoi tu ne réponds pas la première fois quand je t’appelle ? «

2. « Pourquoi tu ne réponds pas la deuxième fois quand je t’appelle ? «

3. « Que penses-tu que je ressens dans ces moments là ? «

4. « Qu’est-ce que toi, tu ressens ? »

5. « Comment on peut se sortir de cette situation ? » …

La semaine suivante, réponse de Mathis via sa maman. Visiblement, l’escargot est sorti de sa coquille :

« quand tu demandes la première fois, j’entends vaguement (surtout si je suis sur Snap). Même si t’es pas loin de moi. Je sais pas pourquoi. Et quand tu commences à répéter, ça me stresse à mort et là, je sais pas ce qui se passe, ça fait comme si le monde extérieur n’existait plus »

Révélation pour ma cliente ! Son ado n’avait aucune envie de la faire devenir chèvre ! Il se retirait dans son monde intérieur. Et les sollicitations répétées de sa mère pour le faire réagir avaient pour conséquence de le faire se réfugier encore plus profondément dans ce monde intérieur protecteur.

Elle a alors creusé : « qu’est-ce qui pourrait fonctionner alors ? ». Et ils ont conclu que le mieux, c’est que la mère se déplace, ait un contact physique avec son fils (comme lui toucher le bras) et lui dise droit dans les yeux (=contact visuel) ce qu’il doit faire.

Bête comme chou, leur méthode ? En tout cas, elle fonctionne à merveille !

Ma cliente nuance : « ça m’arrive encore d’être dans la cuisine et de lui crier de prendre sa douche alors qu’il est à l’autre bout de la maison. Mais maintenant, je me vois faire !! Je vois que je commence à m’énerver. Et du coup, ça me fait rire, car je me reconnais cet ancien mécanisme. Et maintenant, j’ai une solution qui fonctionne vraiment »

Et si une clé importante, c’était de questionner et d’écouter vraiment nos enfants ?

Suivant
Suivant

"Réfléchir, c'est difficile. C'est pourquoi la plupart des gens jugent" - Carl G. Jung